Carnet de voyage

Ca y est la décision de partir en Argentine est prise!!

Inversé par rapport aux saisons de la France le mois d'avril c'est l'automne pour les Porteños. C'est une belle et douce saison idéale pour une petite balade en argentine!! J'y resterai un petit mois pour ne découvrir qu'une petite partie de ce grand pays cinq fois plus grand que la France avec trente neuf millions d'habitants dont treize à Buenos Aires.
En premier lieu donc cette capitale, ville très étendue comportant notamment les quartiers de San Telmo, de la Boca, de Retiro, de Recoleta, de Boedo, de Palermo qui sonnent bon le dépaysement et que j'ai hâte de découvrir tranquillement ;-)




























Muchos gracias à Sophie B. tout d'abord qui aventurière dans l'âme est restée en Argentine pendant trois mois et qui gentiment lors d'un après-midi m'apprend quelques rudiments d'espagnol et m'explique les particularités de prononciation argentine tel que "ll" qui se dit "ch", que "yo llamo" se dit donc "yo yamo" en espagnol mais "yo chamo" en argentin. Elle me parle des lieux qui lui ont plut et d'autres moins, quelques tuyaux pour se loger, un contact avec une française vivant à Buenos Aires...J'ai besoin qu'elle me rassure et lui exprime un peu de la peur qui me taraude. Certes l'envie est forte y un poco la peur aussi! Pour elle, tout est simple et sa vitalité, son énergie est un pur bonheur!
Il y a quelques années alors que je me rendais au travail nous faisions ensemble le matin par hasard un bout de chemin en vélo, souvent de la place de la république jusqu'au croisement de la rue de Béthune et de la rue Neuve et je lui disais: "Tiens! de retour!" et j'apprenais qu'elle rentrait de tel ou tel pays, l'écouter c'était déjà voyager!!

Pour récupérer des seize heures d'avion, dont une escale de trois heures à Sao Paulo(Brésil) pour un prix du billet plus light, j'ai prévu de séjourner au moins les trois premiers jours à Buenos Aires dans le quartier de Palermo Viéjo à la Casa jardin ou à l'hôtel Carly à San Telmo, j'attends la réponse à mes mails.

A peine ai-je prononcé Palermo à mon interlocutrice et prêtresse du voyage, Sophie B., que fuse avec de la désolation dans le ton: " Mais c'est le quartier "branchouille" , va plutôt à San Telmo, quartier oh combien plus sympathique!? "
Muchos gracias aussi à Hélène B. pour les tuyaux concernant les destinations comme Aren a las nubes(le train des nuages) à Salta, Punamarca(village adossée à la montagne aux sept couleurs), Huamahuaca, Iruya, Salinas Grandes à Jujuy et les vallées de calchaquies qu'elle a appréciées et m'a conseillées de découvrir, à Axelle V. pour le "Gallimard", à Odile pour le "Lonely Planet" et le guide du "voyageur tango", à ma fille, Julie C., pour le "Berlitz espagnol", à Joëlle C. , "souslesmarronniers", à qui je dis merci car elle est pour beaucoup dans le choix de mettre en ligne mon carnet de voyage jour après jour.







Je viens de recevoir un mail concernant une autre adresse "la casita de San Telmo" mais malheureusement plus de chambres disponibles avant le 23/04. Dommage le lieu semblait plein de charme!

2 Casas-tango que je conseille.

La première casa où j'ai séjourné pendant presque 15 jours et où je me sentais si bien!!:

El Cielo
Petit-Tango-Pension
Av. Independencia 3688 piso 2
(1226) Boedo, capital federal
Info.alajamientos y mas
tel:(+54.11) 4957 7588
Email : harald_bsa@gmx.net
Site: El Cielo


La seconde casa, superbe, appartenant à une personne oh combien charmante!!:

Luna Llena
Petit hotel tanguero
Arévalo 2135
tel:(+(54.11)4899 2538
Palermo, Capital federal
Email: lunallena2135@hotmail.com
Site: Luna Llena

Lille, Lundi 16/04

Ca y est le mail attendu d'Aude une française habitant à Buenos Aires vient d'arriver. Après plusieurs visites infructueuses elle a trouvé pour moi une chambre à l' hôtel Las brisas del mar dans le quartier de San Tel
mo situé Calle Humberto 1º y Piedras. Elle me demande de l'appeler quand je serai à B.A.


Il est 18h45, en sortant je salue mon voisin Yvir qui va s'occuper de mon lapin pendant le petit mois où je serai absent. Sac à dos sur le dos(évidemment) je me dirige vers le métro. Je n'ai fait que quelques
centaines de mètres mais je me sens l'âme d'un globe trotter.

Il est 19h05 assis sur un banc à la gare TGV une vieille dame me demande si je vais à Dunkerque et je
réponds: " Pas vraiment, je vais à Buenos Aires.." Ce n'est pas pour faire le kakou mais plutôt pour prendre conscience moi-même que dans une vingtaine d'heures je serai en Argentine..

Je regarde par la fenêtre, le TGV est à pleine vitesse, les voitures s
emblent ne pas avancer. Il fait beau, le soleil décline, la lumière est belle! Le soleil est comme une boule de feu, toute ronde à l'horizon, jaune pas encore rouge. Nous approchons de l'aéroport CDG nous y serons dans quelques minutes. De grands champs de colza embellissent le paysage par leur jaune éclatant que met en valeur le vert sombre environnant....

B.A, le mardi et mercredi 17-18/04- 1er et 2ème jour


Le mardi 17 avril:
Il y a bientôt 20 heures que j'ai quitté Lille et je fatigue un peu. Mes reins sont douloureux, j'ai hâte d'arriver et de me reposer. Mais il reste encore 3 h d'avion et le trajet en bus pour B.A.

Nous venons de décoller de Sao Paulo sous un beau soleil. Du hublot de gros nuages flottent comme des tortues blanches l'une à côté de l'autre dans un ballet lent mené par le vent....

Il est 12h30, arrivé à l'aéroport, après mes euros changés en monnaie locale 1 euro= 4.14 pesos, j'ai pris non pas un taxi ou une remise, ni même le bus direct de la Cie Manuel Tienda León mais le bus 86 qui dessert tous les quartiers de B.A jusqu'à la Plaza de Mayo. Lorsque l'on monte, il y a une petite machine avec les destinations inscrites sur des boutons. On choisit sa destination et l'on paye en fonction. Alors chaque passager met des pièces qui rendent des pièces qui permettent de fournir le complément et qui lui-même rend la monnaie et ainsi de suite.. Chacun attend son tour sans impatience. Le trajet a duré 2 heures mais c'était un agréable moment certes un peu long mais que je ne regrette pas. J'ai ainsi pu voir la banlieue et doucement faire connaissance avec ce pays avant d'arriver dans le centre de Buenos Aires. Les bus sont vieux mais quel plaisir de pouvoir ouvrir en grand les fenêtres et d'être fouetté par le vent qui vient de tous les côtés. Ca ne gêne personne. Enfin moi j'aime!

Enfin arrivé à Buenos Aires, Plaza de Mayo, le conducteur lève son pouce pour me dire que je suis à bon port et en même temps me dire au revoir, petite manifestation sympatoche!

Maintenant direction l'hôtel, le sac à dos et le sac en bandoulière, les bouteilles de vin pour Aude dans une main et le plan dans l'autre... Je longe l' "Avenida de Mayo" puis tourne à gauche "calle Piedras". Tout au bout je serai arrivé. A l'hôtel "Las brisas del mar" 826 Humberto 1º, un petit mot d'Aude m'attend me donnant son nº de cellulaire comme elle dit celui de son appartement et des détails sur la réservation." J'espère que tu as fait un bon voyage" m'écrit-elle aussi...ce qui me fait plaisir. Douche et repos.

Le mercredi 18 avril :
Il est 5 h du matin, je me réveille dans la petite chambre au prix imbattable de 35 pesos(8 euros) par nuit. A ce prix il faut pas demander un grand confort mais c'est calme chose pas évidente parait-il à BA et situé à San Telmo quartier recherché. J'ai ainsi pu dormir 10 heures.

Pour écrire ma première journée je me "pose" à une table d'un charmant café de la plaza Derrego, le "Todo Mundo". Le lieu est fait d'une multitude de petites tables en bois, chaises de bois, porte-serviette en bois et alu. La serveuse pas de bois, elle, mais belle et souriante me sert ma première Cerveza avec des chips dans un petite assiette en faïence blanche. Au mur devant moi Marylin Monroe et Humphrey Bogaert et derrière une composition de photos pornos du début du siècle mais aussi des peintures, des affiches de Warhol, pas très Porteños tout ça! Sur les cinquantaines d'affiches, photos, peintures il y a une image(petite) de Carlos Gardel et une photo de jambes entremêlées de danseurs de tango. D'autres encore, de kurt Cobain avec l'inscription "I hate myself I want to die!", de Dali, d'Edith Piaf et d'une exposition de peinture-collage de ....?. Les fenêtres toutes ouvertes donnent sur la place. Je suis à l'intérieur et tout autant dehors. C'est vraiment agréable! le temps est beau et mon âme jubile de plaisir!!













Ce matin je suis allé Avenida 9 de Julio, pris des chemins de traverse, pris une grande avenue, l' Avenida Cordoba. Les rues sont bruyantes, klaxons, pots d'échappements troués. Les odeurs de gaz carbonique plein les narines j'ai poursuivi jusqu'au port " Puerto Madero". Prés du Parc "Costanera Sur" j'ai commandé avec les yeux et les mains mon sandwich-entrecôte et après un " ¿Cuanto es? " "tres pesos" et "gracias" et un grand sourire de la serveuse j'ai longé l'avenue "Carlos M. Noel". Concernant le parc, après 300 mètres, 10 piqûres de moustiques et 10 cadavres sanguinolents de cette même espèce sur ma peau comme tableau de chasse j'ai rebroussé chemin pour retrouver de suite la civilisation et quitter cette mini-pampa!!

En coup de vent, Aude est venue me rejoindre au café et après un prochain rendez-vous pris Vendredi, pour déjeuner, elle est partie travailler dans un resto situé dans un quartier éloigné de San Telmo. Donc pas le temps de tchatcher plus longtemps mais le contact était sympathique, le discours nerveux avec plusieurs fois: "Il faut que j'y aille, désolée je n'ai pas le temps!.." Elle m'a conseillé lorsque je lui ai dit que j'allais dans une milonga ce soir d'aller demain au "Club Independencia".
Ce soir je pense aller au bal de Susane Miller à la tangueria El Beso (Riobamba 416) qui parait-il est le soir le plus intéressant du lieu...

Petit moment sympathique où en me baladant dans San Telmo j'ai découvert un agréable lieu Calle defensa 1179 avec trois patios intérieurs, autant de corridors communicants, des boutiques où règnent une ambiance désuète. J'ai discuté un bon moment avec un vendeur de tableaux, ayant de nombreuses peintures d'un jeune peintre Fernando Rossia de Rosario, ville située au nord-ouest de Buenos Aires. Ses peintures sont étonnantes, étranges et captivantes.















B.A, le jeudi 19/04- 3ème jour

Il est 11h20, je bois un café dans une confiteria rue Cochabamba "una café por favor...grande"
mais pas les mots pour demander une viennoiserie, le serveur me dit de venir et me montre. Je me rends compte que j'ai oublié le Blitz espagnol.

Hier soir en fait je suis allé vers minuit au "Dandi" Calle Piedras, une autre milonga que celle que j'avais prévue. Une petite dame boulotte assise sur une chaise sur le trottoir se lève à mon arrivée pour me faire entrer, me faire payer et ....me placer!

Je me retrouve à une petite table coincé entre deux "hombres". La salle n'est ni petite ni grande, une peinture sombre prend la moitié d'un mur, des colonnades en faux marbre et des lustres art déco donnent un côté chic à l'ensemble. Je suis là assis , je sais qu'il faut que je regarde les femmes avec insistance du moins celles que je désire inviter et faire si l'une d'elles me regarde un petit signe de tête mais je fais exactement le contraire, je regarde les couples danser et évite soigneusement les possibles regards aux alentours. Pas évident de s'approprier ces codes nouveaux pour moi, ce côté guindé que cela crée et cet environnement uniquement masculin.

C'est ma première milonga à Buenos Aires et comme la ville elle-même je dois m'habituer et apprivoiser l'inconnu. L' organisatrice du lieu Gloria me dit en français "Eh bien alors tu n'as pas encore dansé! Nous ne sommes pas assez belles pour toi!" et m'invite pour la prochaine tenda. Elle est toute ronde comme une sculpture de Botero, mesure à peine 1m50 mais à une présence extraordinaire. Après un tango, gentiment, elle me demande de me redresser. "Tu sais je suis petite mais si tu te baisses je deviens plus petite encore. Tu sais on danse avec les pieds alors quelle que soit la distance entre le sol et la tête ça ne change rien!! Pas tout à fait à mon aise, je lui dis "Muchos gracias" et me réponds "Non, encore, il faut faire une tenda entière sinon on va croire que je t'ai marché sur les pieds" dit-elle avec un sourire amical. Après cette tenda de quatre tangos elle va vers une grande femme brune et lui dit que je veux absolument danser avec elle et me voilà dans les bras d'une autre! une autre qui s'appelle Barbara et dont je ne connais pas la nationalité. Nous bavardons et elle m'invite à venir le lendemain à la milonga "Nino Bien".

J'ai oublié de dire qu'à peine entré, je croise le regard de Dominique M. . C'est tout de même incroyable!! Chaque soir il ya plus de 10 milongas et dans de nombreux quartiers et voilà qu'à la première milonga, je croise une lilloise!! elle reste un petit 2 mois encore donc jusqu'à fin mai.

Il est 13h30, je me promène dans le "Parque Lezama" et tombe nez à nez sur les figures de "las madres", les grand-mères de la Plaza de Mayo accrochées comme du linge sur des fils tendus, belle accroche si je peux dire du Museo Historico Nacionale. Ces femmes pendant trente ans ont défilées pour leurs petits-enfants disparus sous la junte militaire au moment du péronisme. Je prends un billet et fais la visite, il n'y a qu'un visiteur, moi... Tout est écrit en espagnol, alors...je n'ai pas tout compris. Premier couloir et première salle une exposition de photos des madres montrant leur acharnement pacifique et déterminé. Plus loin d'autres salles comportant une collection de maquettes de champs de bataille, d'armes, de drapeaux et de costumes militaires...

Depuis quelques heures je suis dans le quartier de la Boca. J'y suis venu à pied. Au fur et à mesure de mon avancé je sens que je ne suis pas ici à ma place le quartier est très, très, trés populaire et les maisons très, très délabrées. La peur au ventre je cherche mon chemin, me trompe, n'ose pas regarder mon plan pour ne pas montrer que je suis un touriste et donc une proie potentielle. J'avais lu qu'il n'était pas conseillé de s'aventurer ici la nuit mais au vu de ce que je ressens la journée non plus! Je longe désormais la Bombonera, stade de la Boca, cathédrale de béton qui s'appelle ainsi car elle ressemblerait à une grande boite de bonbons, lieu de transes footballistiques.

J'arrive enfin à Caminito où là les couleurs des façades éclatent, où le touriste est roi et où il n'y a plus rien à craindre. Il faut dire qu'il y a des policiers à chaque coin de rue! Le lieu est très kitch et les badauds à quelques encablures du port sont harponnés pour manger là ou boire ici ou dépenser leur argent dans cette boutique ci ou cette autre là. Un peu plus loin à l'écart deux couples de danseurs s'entrainent à faire des figures complexes de tango que j'aimerais savoir faire. Il y a de chaque côté de leur "carré" des chapeaux pour mettre la pièce si photos ou films. Pourtant les 2 couples semblent être à une pratique, ils essayent, ratent, recommencent, rigolent. C'est comme une démo mais improvisée et sans vraiment de public si ce n'est deux pelés et un tondu, moi !...

J'écris assis sur un banc face à des peintures d'un peintre aimé, reconnu ici semble-t-il ! Le musée lui est intégralement consacré! Il a fait beaucoup pour ce quartier populaire de la Boca, hôpital, maternité et école. C'est de lui que vient l' idée de colorer les maisons faites de tôles et de matériaux de récupération provenant des chantiers navals. Ces peintures me font penser à Fernand Léger mais dans un style expressionniste. Elles montrent le port de B.A au début du siècle au travail et expriment l'incroyable acharnement des hommes, la dureté de la tâche, les incendies et les accidents. D'autres, la misère, l'alcoolisme et les inondations, d'autres encore le mariage, la religion, la musique et la fête dans les cabarets. Il s'appelle Benito Quinquela Martin. On retrouve dans de nombreux lieux publics nombreuses de ses fresques, dans le métro Plaza Italia, dans une banque(HSBC), dans des complexes sportifs et juste à côté du musée au théatre de la Ribera.


























Sur le retour alors que je longeais le port un policier à côté d'une guérite à la limite de nulle part m'arrête, me demande en anglais où je vais et m'incite à faire demi-tour. "Plus en avant dans cette direction vous aurez des problèmes. C'est dangereux.." me dit-il . J'étais justement en train de me demander si ce chemin le long des quais était une bonne idée! Au loin prés des vieilles maisons délabrées des individus me semblaient louches et je m'apprêtais à faire demi-tour. Je fis donc marche arrière et après renseignements pris auprès de ce sympathique et tout jeune policier je pris le bus à Caminito direction plaza de Mayo.
Retour à l'hôtel, douche et après un asado (pas terrible) direction un locutorio pour accéder à internet.

Il est minuit la boutique ferme, je finis.... Le patron me rappelle qu'il ferme. Je suis désormais le dernier client, le rideau se baisse sur la vitrine. Je sors et vais me coucher. Je pensais aller à la milonga Nino Bien Centro region Lionesa mais non, dodo.
Demain j'ai rendez-vous avec Aude pour déjeuner..

B.A, le vendredi 20/04- 4ème jour

Je me lève tôt, il est à peine 8h00, douche et petit déjeuner dans un café-boulangerie-resto, un capharnaüm bien sympathique. Les clients entrent, prennent une pince et un panier, choisissent leurs viennoiseries, payent au comptoir ou vont comme moi s'asseoir à une table. Ce ne sont que de petites choses mais un sentiment de tranquillité émane de tout cela et me plait beaucoup. Il y a cinq comptoirs quatre en enfilade et un perpendiculaire qui coupe la salle, des tableaux de mer, des paysages, des natures mortes accrochés de manière incongrue, un grand frigidaire sur la droite et une quinzaine de petites tables avec des nappes de couleurs différentes et toujours présent le bruit de la rue. Il pleut des trombes mais comme nos orages du sud j'espère que ça ne va pas durer.


Je téléphone un peu avant midi à Aude que je réveille et qui me rancarde pour 12h30. Je lui donne enfin sa commande de vin, de fromage et de kinder. Elle manifeste son contentement en m'embrassant avec enthousiasme et avec un plaisir évident mange un kinder qu'elle savoure...Elle me demande si je veux manger ou boire un verre. Elle est à l'heure du brunch et moi du déjeuner alors nous décidons d'aller manger un peu plus tard au "Desnivel " où l'on trouve les meilleurs viandes de San Telmo. Mais tout d'abord elle prend un café et moi un verre de vin entre un cabernet sauvignon et un malbec je choisis le second.
La façade du "Desnivel" ne paye vraiment pas de mine mais le restaurant est plein à craquer. Les tables sont collées, proches des autres, il y une ambiance de cantine-brasserie très agréable. Nous prenons du "bife de Lomo", filet de bœuf tendre à souhait, accompagné du' une salade de tomates et de deux ramequins l'un dont le contenu de couleur sombre ressemble à de la tapenade du "Chimichuri" (piments, huile, origan, herbes de Provence) et l'autre, un mélange de couleur à dominante rouge "la salsa criolla" (tomates, oignons, poivrons). Aude me dit que c'est toujours proposé avec cet accompagnement. L'eau gazeuse, nommé "soda" est dans un contenant style thermos, large bouteille transparente avec un siphon vert, entourée du' une gaine plastique bleue. Une petite habitude est nécessaire pour s'en servir.
Manifestement Aude n'a pas encore pris le coup!! la moitié de la bouteille est sur la nappe!!



Nous rentrons dans un magasin de déco, elle doit voir un ami pour un logement qui se libère mais l'affaire ne se fait pas. Elle m'explique que la colocation lui pèse. Nous allons cette fois dans une boutique de fringues dans une belle maison avec quatre pièces en enfilade, une cuisine tout au fond, un minuscule jardin lui aussi tout en profondeur longeant les pièces et de nombreux vitraux. Aude semble chez elle partout où elle se trouve et me fait la visite, m'explique que c'est un modèle typique des maisons argentines. Elle s'achète une chemise noire brodée dans la même couleur, ma foi, beau choix elle est superbe. Apparemment une petite folie qu'elle s'offre. "Il est difficile de trouver de belles chemises pour femmes" me dit-elle.
Nous nous quittons au bas de son appartement, elle va se préparer pour aller travailler.

Je décide d'aller au café Tortoni, Avenida de Mayo 829, métro "Piedras, ligne A. Le décor Belle-époque m'impressionne! Quel beau lieu! Sa notoriété est évidente, une table se libère et est immédiatement à nouveau occupée. Les tables sont en bois et dessus marbre, les chaises-fauteuils sont en cuir marron ou rouge foncé avec des accoudoirs moulurés. Au plafond un large vitrail(école de Nancy ?), des lustres à abat-jour cinq à chaque et une ronde opaline en dessous qui donne un bel éclairage. Une dizaine de colonnes monumentales marrons rendent le lieu encore plus majestueux. Le sol est en carrelage jaune moucheté de blanc usé le long du passage le plus fréquenté. C'est vivant, bruyant et tout à fait agréable. Les serveurs sont en livrée noire, tablier noir ceinturé à la taille, chemise blanche et nœud-papillon. Les boiseries sont omniprésentes alors qu'on ne les trouve en fait qu'en soubassement ceci dit elles mesurent deux mètres de haut! Les plafonds cinq mètres environ! Un lieu envoutant, oh combien plaisant!

Ce soir je vais à la villa Malcom. J'y vais à pied. Le lieu est situé Avenida Cordoba au 5064, pas encore habitué à cette ville j'ai sous-estimé les distances et ai parcouru à pied les cinq kilomètres de cette avenue. J'ai essayé de raccourcir la distance en prenant un bus mais la barrière de la langue, l'impossibilité d'expliquer que je veux juste aller un peu plus loin, je poursuis ma route à nouveau à pied. J'arrive néanmoins à l'heure pour le cours qui à B.A se donne très souvent avant un bal ou une pratique, sans inscription, juste un prix cours+bal. La qualité du professeur est évidente, il a un nom surprenant pour un argentin, Gabriel Glogovski. En comptant rapidement j'estime à 40 le nombre de personnes qui assistent au cours. Je ne peux pas dire que je prends un cours mais plutôt que je le suis, le regarde car je n'ai pas de partenaire.. C'est intéressant néanmoins. La moyenne d'âge est de 30 ans, le style du lieu est très éloigné du Dandi. On peut y entendre du tango alternatif, du tango électro même pour travailler lors du cours. Serais-ce le temple du tango Nuevo ? je ne sais pas mais l'image d'un tango non conformiste(?), plus rénovateur(?) terme un peu politique mais demain ce sont les élections pour les français en Argentine, une journée avant..
Il est d'ailleurs prévu que j'aille avec Aude à l'Alliance Française où elle va voter.
















La practica est à son comble, les gens se connaissent, viennent entre amis ou en couples et dansent entre eux! J'invite une grande femme, brune, aux belles épaules mais après deux petits tangos elle me dit "gracias" premier râteau!?!

A une table je discute avec une Porteños qui enseigne le tango et qui revendique un goût pour le traditionnel et nous échangeons nos points de vues respectifs. Elle me demande où je loge, me propose d'habiter à l'endroit où elle-même habite et me donne ses coordonnées. Rendez-vous pris pour Dimanche.
Je discute un peu plus tard avec une française qui après avoir vécu plus d'un an en Patagonie dans une famille d'argentins revient voir ses amis ici. Elle m'exprime son fort attachement à ces personnes et à ce pays. Quoiqu'il en soit sa vie est désormais à Quimper dans la conservation du patrimoine. Elle a la nostalgie de ce pays et son petit copain de Quimper ne semble pas compenser cela!
Après, plus de danse, plus personne à qui parler, pas de réponse sur le portable d'Aude..
Je rentre en taxi.......dodo.

B.A, le samedi 21/04. 5eme jour

Ce matin je retourne sur les lieux où je suis allé avec Aude, au marché couvert calle Defensa, au restaurant "Desnivel" dont pour le souvenir je prends la façade en photo, juste pour cela car elle n'a en elle-même peu d'intérêt.
Je m'installe un peu plus tard au Bar Derrego, trop de touristes! Juste derrière moi des allemands dont un parle fort et ça me tanne! Comme il pleut des cordes je patiente. Ils s'en vont ouf!..
Je retouve Aude, monte à son appartement puis ensemble nous allons à son QG(café préféré) "Le Rara" où nous restons un moment. Elle m'explique les difficultés qu'elle rencontre à propos des salaires et pourboires (Propinas no incluidas) qu'elles touchent, du contrat de travail qu'elle n'obtient pas, de la carte de séjour qu'elle n'a pas non plus car sans contrat de travail pas de carte de séjour et inversement. c'est le serpent qui se mord la queue! En même temps elle délire, blague et mate un beau brun puis se rend compte un peu plus tard qu'il est rondouillard!

Un peu plus tard sous une pluie torrentielle nous partons direction l'alliance française où Aude va voter. Comme des gamins nous tâchons en une seule fois de traverser la plus grande avenue du monde l'Avenida 9 de Julio. A grandes enjambées, elle, criant comme une folle avec une exubérance toute latine, tâchant de mettre nos pieds sur les bandes blanches surélevées pour être moins trempés, des pieds.... car pour le reste c'est déjà fait! Nous gagnons notre pari! Désormais l'Avenue 9 de Julio sera associée à cette image de douce folie!..

Nous nous quittons à la croisée des lignes de métro. Elle prend la B moi la C pour rejoindre la A..C'est la ligne la plus ancienne faite de bois à l'intérieur mais dans un état qui frise l'abandon. Je m'attendais à un rame Belle Epoque bien conservée. Petite déception!

Ce soir je vais aller à l' "Independencia" milonga appréciée, parait-il...Il est 23h30 par une petite porte, un escalier abrupte on accède à El Piso 1º. A gauche une petite salle où s'entrainent deux femmes et un homme puis la grande salle tout en blanc, un côté brut que j'aime bien. Pas vraiment grand monde mais j'arrive tôt. Je suis reçu gentiment par la propriétaire Adriana Jablonski, une belle femme de la quarantaine, discrète et attentive qui me met un peu plus tard "le pied à l'étrier" en m'invitant à danser. L'ambiance est chaleureuse, pas de touristes, only des argentins qui rient, s'amusent, discutent et ...dansent.
Après une bouteille et deux sublimes empanadas à la viande Adriana m'incite à inviter une femme blonde qui me dit-elle en anglais aussi imparfait que le mien est une bonne danseuse. Ce que je fais et en effet c'est un plaisir. Nous nous complimentons l'un l'autre, le plaisir est partagé..
Aprés quelques autres invitations moins concluantes, je la réinvite. J'apprends qu'elle est professeur de tango, ouah!!, s'appelle Carole et m'invite à venir Mercredi ici-même, ce que je ferai sans doute, si je suis encore à B.A, lui dis-je. C'est vraiment un lieu agréable par la simplicité et le contact facile, amical et joyeux des danseurs et du "staff". Une vieille dame belle et chaleureuse s'occupant de la "comptabilité" a un rire délicat et communicatif. Je ne comprends rien de ce qu'elle me dit mais j'y suis de suite autant attaché que si c'était ma grand-mère!!
Quelle ambiance géniale! Quelqu'un prend la parole et ça dure comme une conférence mais là le public rit, puis une femme se met à chanter telle Susana Rinaldi, puis un homme tel Vargas ou Goyeneche. Bref c'est génial. Il n'y a pourtant pas plus de 50 personnes ou peut-être justement pour cela..

Il est 3h30 du matin. J'embrasse ma "grand-mère", Adriana, Carole et vais me coucher avec le cœur tout chaud!!



B.A, le dimanche 22/04 - 6ème jour

B.A, le dimanche 22/04 - 6ème jour

Jour des élections présidentielles en France, ça fait trois jours qu'il pleut. Non, non je n'y vois pas là un mauvais présage quant aux résultats du premier tour. De toute façon je suis pessimiste, le nuage Sarko est gris et lourd sur nos têtes! Dieu tout puissant une petite prière, une seule que le président soit une femme!
Ca fait deux heures passées que je suis installé dans mon café-boulangerie-resto mais l'envie d'y aller est contrecarrée par un déluge dehors, nous sommes loin des brefs orages du sud, ça dure!.. Mes projets d'aller danser plaza Derrego donc en plein air semble bien compromis. Si ça ne s'arrange pas j'irai au Museo de Arte latino américano de Buenos Aires( MALBA).

Tout d'abord je vais visiter Avenida Independencia 3638 un autre logement, une chambre d'hôte chez un allemand qui s'appelle Harald pour 50 pesos par jour, guère plus cher. Je pourrai séjourner le temps que je désire sans être plus précis(en cette saison seulement) car je ne sais pas dire si je reste à B.A ou si les fourmis dans les jambes je vais partir vers le Nord..
La chambre est belle, décorée avec soin et goût, la cuisine, la salle de tango de même. Je me laisse le temps de la réflexion car le quartier est un peu éloigné du centre.
Je décide maintenant d'aller au bal de la Confiteria Ideal, je n'ai pas vu le temps passer et j'arrive trop tard. A l'accueil au premier étage "It's closed" me renseigne l' "hombre" derrière son comptoir.
Je garde mes 10 pesos et sur le retour je rencontre Aude et l'accompagne chez une de ces amies enfin plutôt ex-colocataires pour récupérer ses affaires. Retour en taxi nous sommes tous deux affamés et dans un restaurant de San Telmo nous partageons différentes empanadas et un litre et demi de bière Quilmes. Le plat final est délicieux, une petite douzaines de "ravioles" au basilic. Le repas terminé nous quittons les triplettes de Belleville, les trois serveuses l'une à côté de l'autre derrière le bar à la nonchalance extraordinaire, le regard dans le vague. L'une d'elle se tourne dos à la salle et se met d'une voix superbe à chanter! Les deux autres ne bronchent pas. Tout est normal!! Ambiance surréaliste. Je souris en l'écrivant.

Autre soir autre milonga pour un fois accompagné d'Aude calle Defensa 1575 au C.C Torqua Basso. Très beau lieu avec une ambiance jeune et amicale, le dj trône à 4 mètres de haut tout au fond de la salle. J'invite une argentine de la province éloignée de B.A au demeurant sympathique mais je m'emmêle les pieds je n'ai pas l'habitude de danser quand il y a tant de monde et si peu de place. Je me sens gauche et ça m'énerve! Plus l'espace est réduit plus il faut être technique, ce que je ne suis pas. J'invite Aude, autre cata et m'emmêle en plus avec les mots, exemple: au lieu de dire c'est pas grave ou ne rien dire, je dis "je m'en fiche, ça m'est égal." et Aude réplique un peu vexé "tu peux en inviter une autre.." Nous continuons ensemble malgré tout mais nous n'aurons pas ce soir le temps de nous accorder. Aude se lève tôt demain matin et me dit qu'elle va se coucher. Elle me propose de rester mais après un bref regard sur la salle et vu le peu de personnes qui restent encore je décide de rentrer aussi et de l'accompagner.

B.A, le lundi 23/04 - 7ème jour

B.A, le lundi 23/04 - 7ème jour

Grasse matinée, il est 12h00. Après douche et petit déj dans ma Boulangerie-café-resto-capharnaüm je vais aller calle Sarmiento pour changer de l'argent. Tout d'abord donner mon linge à laver et à repasser au coin de la rue. Calle Sarmiento le cambio vient juste de fermer, mince il est trop tard. En fait je frappe à la vitre et un monsieur m'ouvre, ouf! car je dois payer mon hôtel et rembourser Aude qui m'a prêté 100 pesos(1euros=4.20pesos). Je pensais aller à nouveau au MALBA, visiter le Parque 3 de Febrero mais le jour décline..trop court et donc remis à plus tard. Je déambule dans la gare ferroviaire d'abord, routière ensuite pour comprendre leurs fonctionnements pour plus tard aller dans le nord. Concernant la gare routière je suis un peu dérouté, perplexe, il y environ 100 guichets pour prendre des billets regroupés en fonction des grandes directions géographiques, les prix sont parfois indiqués ou pas, pas facile de comparer..Bon je verrai le moment venu..
Je passe au Centro culturel Borges angle Viamonte y San Martin, regarde la programmation: El Arranque(2/04), Buenos Aires de tango(28/04) et des concerts et des comédies musicales. Pas grand chose à se mettre sur la dent!..Il y a Incubus mais bon...
Au café "Todo Mundo", je commande 3 empanadas et des "pancakes dulce leche" , sublimes! Ce soir il y a concert, des anglo-américains 4 musiciens(1 batteur ,2 guitares et 1 percussionniste) et une chanteuse magnifique qui met le feu à la salle par son peps.
Ayant marché toute la journée mes pieds ont besoin de repos, pas de milonga donc.

B.A, le mardi 24/04 - 8ème jour

B.A, le mardi 24/04 - 8ème jour

Ce matin, je déménage après avoir récupéré mon linge. Je quitte San Telmo pour le quartier de Boedo, un peu plus haut au nord de B.A avenue Independencia 3638. c'est une casa tango, maison achetée par un amoureux du tango et de Buenos Aires. Il était ingénieur en Allemagne avait peu de temps et de l'argent désormais du temps et peu d'argent! je me sens de suite chez moi. Il y a 4 quatre chambres toutes plus belles les unes que les autres sans ostentation, deux salles de bain, une cuisine avec une grande table en bois et une immense terrasse sur le toit. J'aime beaucoup! Je me dis que je vais avoir du mal à quitter cet endroit pour visiter le pays...Harald le "proprio" est cool, amical. Nous passons plus d'une heure à discuter, rejoint plus tard par un danois lui aussi amoureux du tango et qui reste selon ses moyens jusqu'à la fin de l'année.

Ce soir il y a une pratique à 20h. à Practica X (anchorena 641), j'y serai. Sachant cela Harald me rancarde avec une compatriote allemande Myriam, blonde et c'est là la seule description que j'ai pour la reconnaitre à part qu'elle mesure 1m70 environ. Au café Margot, Avenida Boedo, je déjeune avec un sandwich "Lomo completo", Jamon(fromage), queso(fromage), tomate, lechuga(salade), huevo duro(œuf dur), cebolla(oignon) con papas fritas(frites) et une cerveza "Quilmes"(bière).

J'ai essayé de joindre Aude sur son cellulaire pas moyen, c'est occupé...bizarre! je ne comprends rien à ces téléphones publics. Parfois pas de tonalité là c'est clair il ne fonctionne pas, parfois il y a la tonalité et après composition du nº ça sonne occupé et je récupère mes centavos, parfois ça sonne ni occupé, ni rien et me pique mes sous!...

Je me rends compte qu'il est tard dans moins d'une demi-heure le cours commence. Le plan, mes alertes petits pieds, je suis équipé, vamos.. Je me trompe mince, je fais demi-tour et arrive enfin, il est 20h15. Il y a dans la salle d'environ 250m2 un peu près 50 personnes...Aie! le cours est d'un niveau très avancé. Je me concentre sur la figure, j'ai à peine le temps de voir qu'une fille me propose d'être ma partenaire. J'essaye de faire l' enchainement mais je n'ai pas eu le temps de l'intégrer et ça coince. Après quelques autres essais infructueux, elle cherche un autre partenaire. Alors j'essaye seul, suis Ezequiel le professeur dans son périple auprès de chaque couple et profite de ses explications. J'invite un peu plus tard une canadienne Katherine à travailler ensemble mais son partenaire attitré vient d'arriver. Tant pis je continue seul.. Les conseils d'Ezequiel, que je poursuis avec assiduité, sont précis et d'un couple à l'autre qu'il corrige, j'apprends.

La practica commence, le Dj est à droite et passe des morceaux contemporains. Autour de la salle des chaises et une petite estrade au milieu. Le sol est carrelé à damiers blancs et noirs comme un grand jeu de dames. Les arrivées se succèdent. Il y a bientôt deux cents personnes. Le couple de professeurs Eugénia et Ezequiel dansent aussi, avec une douceur, une fluidité et une belle énergie. C'est du miel à regarder. En parlant de miel il y aussi de très belles abeilles!... Le tango à papa c'est pas le look de la practica X! Le tango n'est pas mort, il est ici bien vivant! Une démo est annoncée le public est invité à faire un grand cercle puis à s'asseoir à même le sol. Alors deux cents personnes en un instant créent un cirque de danse. Quatre tangos superbes, ovationnés, applaudis. Quelle ambiance de feu de Dieu!!

J'invite une grande femme aux longs cheveux châtains et bouclés. Très vite je sens son ennui et nous nous disons en cœur "gracias". Autant faire court! Ce n'est pas à tous les coups que l'on correspond à l'envie de l'autre, que l'on s'accorde. Heureusement d'autres tentatives plus concluantes ont suivies. Les danseurs sont des habitués pour beaucoup, ça s'embrasse (une seule fois sur la joue gauche), ça discute, ça danse bien sûr et le niveau est très bon.

Il est 1h30 du matin, je projette d'aller au restaurant où travaille Aude dans le quartier Chacarita pas trop loin de là. Je prends le taxi avec Katherine qui m'a demandé de la déposer. "c'est sur le chemin, tu ne feras pas de détour!" me dit-elle. A Buenos Aires trouver des taxis est très facile. Ils tournent toute la nuit. Je dépose Katherine et direction le restaurant "La Prometida" calle Delgado 1189 y Arredondo mais mince il est déjà fermé!

Je sors du taxi vérifie que c'est bien là et demi-tour jusqu'à "ma" casa tango...

B.A, le mercredi 25/04 - 9eme jour

B.A, le mercredi 25/04 - 9eme jour

Pas fait grand chose ce matin, je me suis levé à midi, pris une position internet dans un locutorio pendant deux heures pour lire mes mails, beaucoup du 202. J'ai envoyé un mail à Aude n'arrivant pas à la joindre et presque en même temps j'en reçois un d'elle. En objet elle écrit "disparition" et s'inquiète de ne plus avoir de nouvelles et m'explique que les 100 pesos qu'elle m'a prêtés et que je ne lui ai pas encore rendus étaient prévus pour payer ses cours de théâtre ou de production cinéma, je ne sais plus.
Je décide donc d'aller la rejoindre au restaurant la Prometida. Je suis content de la revoir. Elle me conseille pour le choix d'un plat et d'un vin (Cellia), me montre un livre de cuisine latino américaine. L'ambiance est cool, calme, tranquille et décontractée, le restaurant est ouvert il n'est pourtant que 5 heure de l'après-midi. A cette heure il est possible de manger mais seulement des plats froids. C'est sans doute le calme avant la tempête qui se situe plutôt le soir vers 21h-22h car les argentins mangent tard. Je suis invité à manger avec le personnel mais ayant prévu d'aller à la Villa Malcom pour le cours de 20h je décline l'invitation. C'est une attention qui me touche et qu'Aude trouve aussi trés sympathique. Elle me demande de remercier le cuisinier, ce que je fais.

J'arrive à la Villa Malcom, presque personne. Le cours commence mais je n'ai pas de partenaire. Gabriel, le prof, appelle quelqu'un pour être ma partenaire mais pour elle c'est la corvée..Voyant que deux femmes viennent d'arriver elle me quitte, je me dirige vers l'une d'entre elles mais elle semble s'ennuyer tout autant, regarde aux alentours un parti plus intéressant, ça m'énerve. Je lui dis en anglais "tu veux changer de partenaire". Elle me réponds "It's the same". La réponse n'est déjà pas top et quelques instants plus tard se dirige vers un autre habillé d'un tee-shirt ringard: "Yo (cœur dessiné) tango". Le cours avec des oiseaux pareils ne m'intéresse plus, une demi-heure avant la fin et le début du bal je me casse...Dommage Gabriel avait corrigé ma démarche qu'il trouvait imprécise et un peu plus tard m'avait dit "It's better" mais ça me saoule !!....retour á la casa ...

B.A, le jeudi 26/04 - 10eme Jour

Petit déjeuner à la casa, cappuccino en poudre et eau chaude et petites viennoiseries. Discussion avec Harald sur la différence entre le Tango Nuevo et Tango traditionnel, fort intéressante. Moi qui suis en première idée plutôt orienté tango Nuevo je comprends sa préférence pour le tango traditionnel et les plaisirs qu'il comporte. Tous ici préfèrent le Tango traditionnel que ça soit Maria-José, Harald ou Bjarne et avec une passion perceptible.

Hier dans la pièce réservée au tango d'environ 35m2, Maria-José et son partenaire répétaient pour la performance prévue vendredi à la Villa Malcom. Eux qui dansent un tango dans la plus pure tradition, dans la Mecque du Tango Nuevo!! Auprès d'eux un vieux monsieur et un jeune homme se passent la calebasse de maté.

Derrière la vitre où j'écris le soleil me brûle l'oreille et la joue et ma foi c'est agréable après tant de jours de pluie. Après avoir traîné à la casa je me décide quand même à bouger et prends le bus 160 qui m'emmène vers la plaza Italia et le parque Febrero 3 (le jardin) et le campo argentino de Polo.
Après un voyage dans un bus bondé je descends prend la calle Sarmiento, me balade le long du zoo, lieu parait-il préféré des familles, prend un thé et une glace dans la cafétéria du jardin japonais. C'est curieux de se trouver dans cette kitchissime cafétaria japonaise en plein Buenos Aires!

Je prends le métro plaza Italia et photographie dans tous les angles possibles la céramique au sol de Benito Quinquela Martin. J'attends bien trois métros avant de pouvoir entrer dans une des rames tellement bondées á cette heure d'affluence. Sur le retour je vois attablé au "Margot" Harald attablé avec une de ces amies il me fait signe d'entrer. Nous discutons Barbara, lui et moi. Mon anglais est pitoyable, j'arrive néanmoins à me faire comprendre et m'accroche quand Barbara me parle. Je commande une bouteille de 75cl de cerveza Quilmes, surpris, Harald me demande si je suis sûr de ma commande et si je ne veux pas dire une petite..non, non "una grande". En fait nous la buvons ensemble, dans le même verre comme nous aurions pu le faire avec le maté! Ils s'en vont, je reste et commande un plat.
Je mets un temps fou à choisir pour en fait prendre un hot-dog pain saucisse et fromage fondu, un œuf au plat sur du jambon et frites en forme de gaufres rondes. Ca tient au corps!! C'est un café plein de charme avec tables et bar en bois foncé et où l'on se sent immédiatement bien. D'ailleurs il est à toute heure plein et plait aux Porteños, peu de touristes ici..

Changement de chaussures et direction Nino Bien, milonga très prisée le jeudi. située calle Humberto 1º 1462. n'ayant pas envie de marcher je prends le taxi. Le chauffeur m'explique qu'il ne danse pas le tango mais le rock! Il aime écouter la musique de tango mais n'affectionne pas les paroles qu'il juge tristes et nostalgiques. Pour lui seuls les touristes aiment danser le tango ou les vieux Porteños. Il n'est lui-même pas très jeune entre 55ans et 60ans!. Il me dépose, n'ayant pas de monnaie il me fait payer moins cher!

A l'étage juste en haut de l'escalier se trouve un petit guichet-bar où je paye, un vestiaire, un petit "marché" tango où chaussures et vêtements sont à vendre. Juste à droite la grande salle de danse cossue dont une grande partie est occupée par des tables. Il y bien 300 personnes, habillées classe, costumes et robes du soir. D'autres moins heureusement vu ma tenue décontractée. Je demande une table, m'assoit et regarde un bon moment avant d'inviter. Je me décide enfin, ma première partenaire est suisse, grande, très grande, sympathique et la danse s'avère agréable. Il vaut mieux inviter en début de tenda car après quatre tangos sans exception tout le monde va s'asseoir. Si tu t'y prends tard tu ne danses qu' un ou deux tangos avec la personne qui t'a dit oui...L'ambiance peut sembler guindée et au premier abord j'ai l'idée que je vais m'ennuyer. Mais en fait dés que l'on danse avec une femme, puis l'autre, le plaisir est là, le changement de partenaire est un plaisir en soi et la soirée devient intéressante..un feeling différent, une présence autre.... sauf si la danseuse se la joue solo... là le plaisir est rompu.

Il est 3 heures du matin le bal ne se termine pas encore mais pour moi, oui. Je n'aurai pas dansé énormément mais c'était bien. Bilan de la soirée j'ai dansé avec une suisse donc, avec une maltaise, une hollandaise et une dont je ne sais pas la nationalité n'ayant pas eu le temps de discuter. Pas d'argentine dans mon carnet de bal!
A mañana...

B.A, le vendredi 27/04 - 11ème jour

B.A, le vendredi 27/04 - 11ème jour

Après un petit déjeuner un peu tardif il faut que je me dépêche car je vais au cours d'une école de tango D.N.I Avenida Corrientes 2140. Je suis le conseil de Katherine qui m'en a dit beaucoup de bien et confirmé par Harald.
J'arrive 10 minutes avant le début par le bus 7. Je commence à me repérer. Je reste surpris par la queue à chaque arrêt de bus, chacun l'un derrière l'autre respectueux de l'ordre d'arrivée. Parfois trente personnes attendent á la queue-leu-leu sans signes visibles d'impatience. Cool les Porteños!! Je me rends vite compte que le niveau est trop élevé en un instant je vois autant de figures nouvelles que celles que je connais.

Je rencontre une québécoise vivant à Montréal, Marie-Andrée qui trouve que cette école "ne se fout pas de notre gueule" j'utilise ses propres mots. Elle me relate des cours où les professeurs ne regardent pas ce que tu fais, regardent leur montre sans arrêt et fument des cigarettes. C'est un lieu très agréable, à l'étage. il y règne une légèreté et une ambiance gaie.

Après le cours donné par Gonzalo Alonzo et Mariel Robles il y une pratique où à un moment donné étudiants et professeurs se sont mis à danser une chacarera endiablée, beau moment fort et drôle. C'est un lieu où Porteños et touristes viennent régulièrement signe évident de la qualité de l'enseignement. Je les ai déjà vus pour certains dans les milongas. Lieu de rencontre aussi et où en discutant on se tuyaute mutuellement.

Ce soir le programme prévu: Villa Malcom où Maria-José fait une démo avec son partenaire Hernan et 2 autres couples. Nous y allons ensemble Majo et moi. Elle a le trac et blague " Je ne veux pas y aller cristiañ!" Pendant toute la démo, enfin les 3/4 du temps, c'est elle que je regarde!! son maintien de danseuse et son énergie. Elle me fait penser à ces pur-sang arabes, ces chevaux de petites tailles mais racés et puissants...

B.A, le samedi 28/04 -12eme jour

Ce matin, elle ne semble pas très contente de la démo pensant que le temps de préparation trop court n'a pas permis une prestation de qualité et ne convient pas à son exigence et sa rigueur. Elle dit de moi que je suis son "her manino" et joint à cela une petite tape amicale sur l'épaule.

Nous sommes dans la cuisine. Maria-josé, Harald et Ricarda prennent leurs déjeuners pendant que je suis au petit déjeuner. Ricarda est allemande, parle français couramment et tout comme Harald possède elle aussi une Casa Tango dans le quartier de Palermo. Elle me montre sur internet une page où l' on y voit des photos de sa guest house qui semble aussi très belle en plus luxueux. Elle me propose de lui rendre visite, de boire un café pour me faire une meilleur idée sur place. Elle habite traditionnellement dans la suite lorsque celle-ci n'est pas occupée.

Ricarda, Maria-José et moi regardons trois vidéos de Majo et de son partenaire. Pendant le visionnage, elle discutent ensemble en espagnol et malgré ma méconnaissance de la langue je peux les comprendre et partager ces agréables moments. Harald qui sort de chez le dentiste est moins loquace, gêné par la douleur. Même agacé il reste sympathique et attachant. "Tranquilo" lui disent plusieurs fois Maria-José et Ricarda.

Marie-José me propose de danser avec moi dans la pièce réservée au tango pour me dire les points à corriger "comme si j'étais un docteur" dit-elle, "comme si je t'auscultais".

Après un maté partagé, où après avoir mis de l'eau, chauffée à environ 70º-80º, le premier boit l'intégralité et avec le thermos le remplit pour le second qui fait de même jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'eau, et ainsi de suite, nous dansons, corrections sur corrections, le temps passe, mes bras et mon dos deviennent douloureux. J'ai l'impression d'être un manche à balai, un fier aristocrate tête droite, dos droit, épaules complètement ouvertes au point que les omoplates se touchent.

"N'as-tu pas d'autres chaussures?" me dit-elle. "Il te faut des chaussures de tango pour le confort, pour sentir le sol, pour que le pied soit maintenu".
" It's better" m'encourage-t-elle maintes fois. "Il faut que tu t'entraines alone, que ça devienne une posture naturelle". "Un dernier tango à deux et j'y vais". Une tape sur la paume de la main pour me dire au revoir et elle s'en va.

Alors seul j'essaye de penser à tout ce qu'elle m'a dit et m'entraine basket aux pieds sur le plancher en silence puis en musique. Je fais mes gammes.

Après deux heures passées au locutorio je me dirige vers le Club Independencia comme promis à Adriana la semaine dernière. En montant l'escalier vers 23h pas de bruit de discussions, de rires et à l'accueil l'homme semble gêner de me faire payer. En effet il n'y a pas plus de six personnes hormis Adriana, ma "grand-mère" à qui je dis bonjour. J'invite à danser une amie d'Adriana qui s'appelle Catalina, qui me dit n'avoir pas dansé depuis plus d'un an. Elle est accompagnée d'une petite fille de deux ans qui veut sa maman. Je la lui rends!! et invite Adriana. Un peu plus tard je discute avec un argentin dans un anglais plus qu'approximatif.

Arrive une jeune fille surprise manifestement de cette ambiance et de voir si peu de monde. Je lui demande si elle parle anglais, un peu...car elle est australienne!! Je lui propose d'aller ensemble ailleurs et nous prenons un taxi pour la Confiteria Ideal. Nous rentrons sans payer car l'heure est tardive. Il y a environ une quinzaine de couples. Rapidement la piste se vide et nous nous retrouvons comme dans le film "la leçon de tango" à danser seuls dans cette immense salle. C'est pour moi et pour Kristie un grand moment. Les lumières s'éteignent, la musique s'arrête et à regret nous partons.

Je la raccompagne jusqu'à la calle Chile à San Telmo et remonte la calle Indepencia après lui avoir souhaité bonne nuit et lui avoir fait la bise. Quant à se revoir nous n'en avons pas parlé! Je suis vraiment fatigué. Vivement mon lit...

B.A, le dimanche 29/04 -13eme jour

Ce matin je ne sais pas trop quoi faire, visiter l'exposition du MELBA mais il fait si beau, prendre un cours avant la pratique en plein air au kiosque à Belgrano, aller à la confiteria Violettas.

Je décide d'aller manger à la cafétéria du MELBA, temple de la culture latino américaine. Celui-ci se situe dans un quartier chic, ambassades, grosses voitures, immeubles haut de gamme. Le gratin de Buenos Aires!!

Tandis que les Cartoñeros, travailleurs de l'ombre, fouillent les poubelles pour récupérer plastiques, papiers et cartons, le soir venu jonchés en haut de m3 de récupération à 3-4 mètres de haut dans des camions retournent chez eux!!

Pour prendre des billets il y a une queue de 30 mètres de long. Je décide d'aller à Recoleta où je sais que chaque dimanche a lieu un marché d'artisanat et où jongleurs et acrobates font des démonstrations de leur talent..













Attiré par des applaudissements et des rires je m'approche d'un marionnettiste dont le castelet est juste un drap tendu entre deux piquets sans séparation public-coulisse. Il y règne une ambiance style fête de Gand. Ils sont deux, micros sans fil accroché au cou, un qui manipule, qui ne quitte pas son castelet et un qui se déplace dans le public. Il y bien cent personnes devant eux pendant que d'autres centaines de personnes écoutent un peu plus loin un guitariste ou regardent des capoeiras en action. Plutôt que des marionnettes se sont des marottes. Une douzaine d'entres-elles jonchent sur le sol et sommeillent avant d'être mis en vie par le bras rapide et le débit de parole nerveux et envoûtant du comédien. Il est doué d'une énergie incroyable qui déclenche l'hilarité des enfants, des moins jeunes et des vieux!


Côté artisanat beaucoup d'habits tricotés, des matés bien sûr, des bijoux, des articles de cuir, des vendeurs de sandwichs chauds fourrés au maïs(Choclo), celui que je choisis, au jambon(Jamon) et au fromage(Queso). Un peu plus tard dans une galerie commerciale dédiée au design je peux me rendre compte que Buenos Aires est une ville européenne..

Pour aller au kiosque de Belgrano où chaque dimanche dansent les Porteños je marche beaucoup, prends le métro, remarche. J'ai bien acheté le livre où figurent les lignes de bus de Buenos Aires mais je n'arrive pas à m'en servir!! le kiosque large dont le sol est carrelé noir et blanc en grande partie hormis le centre en couleurs différentes trône au milieu d'un jardin où l'on oublie les grandes avenues environnantes. Il y a foule, je ne danse pas, regarde seulement et décide après un bon moment de rentrer avant le dernier métro(22h30) car mes pieds sont trop douloureux.











A la casa de Harald "El Cielo" tout le monde est là. Maria-José mange un plat fait de riz, de poivron, de carottes et de viande qu'elle me propose de partager, Harald arrose les fleurs et Bjarne se prépare à partir. Je me fais un café avant d'aller dans ma chambre lire un peu...

B.A, le lundi 30/04 -14eme jour

Ce matin je prends un cours sur place avec Maria-José.
Tout d'abord comme demain c'est férié(1er mai) je fais quelques courses, jus d'oranges pressées, noix, yaourts avec céréales conditionnées au dessus dans un pot transparent, des bananes et des raviolis faits maison..
Maria-José me fait travailler les bases, corrige mes défauts de posture, me dit que mon bras droit est ok mais que le gauche is "dead", redresse mes épaules , ma tête, danse avec moi avec les bras et sans, m'explique que ce n'est pas mon corps que je dois mouvoir mais celui de ma partenaire, me propose de faire n'importe quel mouvement, d'inventer, d'essayer..
Tout cela ponctué de "It's better!" j'y prends plaisir. Son corps m'aide. Il me donne, en le voyant bouger, en sentant son mouvement, l'envie d'aller là puis là et après là encore..
J'ai l'impression là, de danser à deux en interaction, c'est top! Concernant le bras "mort", elle rend le sien mort, sans force et je peux ainsi me rendre compte de l'impression que ça donne. Il n'y a plus de présence et ça change tout!!
On revoit les trois temps, l'intention, l'avancée de la jambe, la poussée sur le sol pour avancer(ou reculer) le corps associée à la respiration.
L'intention, je décide d'aller par exemple sur le côté mon corps dissocié de ma jambe ne bouge pas, ma jambe se déplace seule 1º mouvement, 2º mouvement l'autre jambe pousse le sol mais reste à la même place, se tend seulement. Le poids du corps est transféré, détente de la jambe, détente de tout le corps puis à nouveau l'intention.

J'écris cela sur la terrasse ensoleillée qui en fait est le toit de la maison. Bain de soleil très agréable, un petit vent adoucit la sensation de chaud et je sens ma peau reconnaissante! ;-)

Cet aprés-midi je ne bouge pas de la casa, prépare mon départ pour Iguaçu et m'entraine seul dans la salle tango avec et sans musique, grignote, recommence. Harald me propose de l'accompagner au Canning ce soir.
Demain j'ai un cours avec Adriana conseillé par Harald vers 13h et un autre prévu avec Maria-José vers 19h00.

Au canning une foule incroyable! La salle carrée, la piste de danse au milieu, les tables tout autour, le bar sur la gauche en entrant, des peintures au mur d'une laideur surprenante. Par contre un collage-photos couvrant toute la longueur et la hauteur du mur du fond donne au lieu un peu de chaleur, si je peux dire car veille du 1er mai les danseurs sont de sortie et l'ambiance ressemble plus à un quatorze juillet qu'à un Lundi traditionnellement plus calme.

A peine arrivé je rencontre Marie-Andrée, la québécoise vivant à Montréal avec qui j'avais discuté au DNI quelques jours auparavant. Toujours aussi rigolotte dans son langage, son franc-parler, elle me dit avec l'accent québécois "c'est chaud, très chaud avec mon ténébreux danseur qui danse comme un dieu". "Je parle de...danse" dit-elle avec un sourire malicieux. Entre temps une argentine vient me dire bonjour. Harald surpris que je connaisse déjà du monde se marre. Je mets encore un peu de temps avant de me décider à inviter mais j'ai en tête la phrase que Sophie m'a écrite "Fais ce dont tu as peur tu n'en auras plus peur" et je me lance.

Un peu plus tard je demande à Marie-Andrée de choisir pour moi une danseuse. Elle regarde tout autour d'elle et me propose une jeune fille aux cheveux longs bruns que j'invite en fin de tenda et après un tango c'est la cortina! Mince c'était bien. je lui dis que je la réinvite plus tard, elle est ok. Mon voisin de chambre Bjarne m'a prêté ses chaussures de tango la piste du Canning en parquet ciré ressemble sous mes pieds à une patinoire et je me sens maladroit.

J'invite Ricarda qui possède la casa tango "Luna Llena" à Palermo et sans le savoir je danse du traspié, me dit-elle. Elle me complimente et me dit que je suis doué. Je suis touché du compliment et le lui dis. Quand elle ne parle pas avec ses amis en allemand elle s'approche de moi et en français me raconte ce dont ils ont parlé. C'est une belle femme, classe, enjouée et très sociable.
J'invite une japonaise, la cata, au bout de deux tangos j'ai envie de la raccompagner! Elle semble en dansant complètement ailleurs, distante, glaciale, le visage impassible, son corps tout entier semble exprimer l'ennui. Peut-être que je me trompe et que je n'ai pas le code ,est-ce seulement une attitude typiquement japonaise?
Un peu plus tard une femme ronde et belle accepte mon invitation mais dans ce contact très étroit style milanguero je suis embarrassé, mon corps tout entier me semble gauche, ma danse complètement introvertie. Nous parlons un moment en français elle m'apprend qu'elle travaille avec la France et qu'elle vient juste de rentrer. Le nombre de personnes que je rencontre qui parlent plus de trois langues est impressionnant!

Il est 6h30 du matin. Barbara, Harald et moi prenons le taxi aprés que Barbara se soit ravitaillée dans un "kiosco", petite boutique entre le kiosque et l'épicerie, fermée la nuit tombée par une grille où seul un trou rectangulaire est ouvert. Ce fût une agréable soirée! " Quiero ir a dormir! Si!"

B.A, le mardi 01 mai - 15ème jour

Ce matin Harald et moi nous prenons le "subte" pour aller chez Ricarda.

A la station de métro "ministro Carranza" nous rencontrons Danièle, française de nationalité qui remplace Adriana, partie chez des amis à la campagne, pour le cours de tango que je viens suivre. D'habitude elle est l'assistante d'Adriana. Ricarda dit d'elle qu'elle est très bonne professeur. Elle est souriante, alerte et belle.

Nous arrivons devant la maison de Ricarda qui sort juste de sa voiture avec Lolita dont j'ai promis de dire quelques mots. C'est un beau petit Pinscher. Il a les traits exacts des Dobermans mais en miniature et la chance d'être aimé par sa jolie maitresse! je lui dis cela tout en le caressant devant Ricarda. Intelligent comme il semble l'être je pense qu'il me comprend!

Le hall d'entrée est de toute beauté. C'est une pièce immense avec des espaces auxquels on accède par quelques marches, comme la cuisine au fond et le salon à droite. Une part importante est réservée à la danse dont le sol à cet endroit est plus glissant. Situé à l'aplomb d'une verrière dix mètres plus haut où l'on aperçoit les balcons en fer forgé de deux chambres. Aidé par un architecte elle a crée un lieu à son image plein de charme et chaleureux. Elle me montre les chambres, la suite , les jardins-terrasses. Ces dernières comme au rez-de-chaussée sont à des niveaux différents. Chacune possède des transats, une table, des chaises, des arbustes et des plantes en pot. Tout cela parfaitement bien agencé. La Suite donne sur un jardin privatif, en son centre un petit plan d'eau où bouches ouvertes les poissons sortent la tête de l'eau en quête de nourriture devant le regard impassible et serein d'une statue bouddhiste. Après ce havre de paix se situe la salle de bain dont la baignoire est encastrée dans un cadre en bois du plus bel effet. Baignée de soleil elle doit être plus plaisante encore. Il faisait doux sans doute trop et d'un coup des trombes d'eau ont modifiée l'atmosphère la rendant fraîche et humide.

Loin de m'incommoder le temps est vite oublié dans tous les sens du terme dans les bras de Danièle avec qui j'ai la chance de prendre le cours en particulier. Je ne sais exprimer le plaisir que j'éprouve à suivre ses indications, les mettant de suite en pratique, sentant son corps à l'écoute, exprimant quand c'est ok, là non, là oui..
Elle me reconfigure si je puis dire, me dis que je comprends vite. "Oui, super! tu as compris!" Quoique concentré je ne cache pas mon plaisir et le lui dis. Il se crée entre nous une belle connivence facilitant le travail, le sien en tant que professeur et le mien en tant qu'élève.
Elle est douce, légère, son corps collé au mien me procure une volupté discrète et que peut-être ressent-elle aussi.
Le cours au départ devait être collectif avec certes un groupe restreint. Quand celui-ci se termine "ce n'est pas le nombre qui fait la qualité" dit-elle pour exprimer le plaisir que lui à donné son rôle de professeur avec moi.
"J'aime Buenos Aires car ici le rythme est différent et moi qui suis plutôt speed je suis ici plus calme, plus tranquille" dit -elle encore.
Son enseignement est différent de celui de Maria-José moins classique plus contemporain. il n'est selon elle pas question de mettre les épaules en arrière jusqu'à ce que les omoplates se touchent, il n'est pas question non plus d'avancer la jambe avant le reste du corps.
Me voilà schizophrène. Ca ne va pas être facile de concilier ces deux visions et travailler une technique sans l'opposer à l'autre.
Quand Ricarda en parlant français mélange les mots avec l'espagnol et me dit de lui envoyer des français pour ne pas perdre la langue, Danièle lui répond "des français sympathiques comme Christian". Je suis aux anges!

Danièle récupère ses disques , nous embrasse et nous quitte. Ricarda me propose un thé. Harald pendant ce temps répare le micro-ondes et la machine-à-laver la vaisselle. Après avoir lu quelques mails je reprends le "subte" vers la casa seul cette fois.

Je m'allonge quelques instants pour récupérer de la nuit précédente et je m'endors. Maria-José frappe à la porte c'est l'heure du cours. Je sens que ça ne va pas être facile, je suis groggy, j'aurais bien remis le cours à plus tard mais c'est impossible.

En effet c'est pas top! je suis tendu, rate un peu prés tout ce qu'elle me demande de faire malgré ses encouragements. Elle me dit " tu as compris tu dois l'intégrer maintenant en t'entrainant". Tout m'est pénible et j'attends la fin. Ca a duré 1h30. J'ai mal au dos, je sens venir la douleur de mon vieux lumbago prés de l'omoplate gauche. Fatigué, je me couche et très vite m'endors.

B.A, le mercredi 02 mai - 16eme jour

Ma prévision s'avère exacte. Au réveil je ne peux bouger que difficilement. Adieu le projet d'aller à Iguaçu pour le moment.
Je monte sur la terrasse, utilise le soleil comme thérapie. Mais de nombreux nuages rendent la thérapie peu efficace et vite lassé du chaud et froid je redescend.

Au restaurant un vieux monsieur s'assoit à ma table et lui en espagnol moi en anglais nous échangeons tant bien que mal des points de vue sur l'Argentine et sur la France. ce fût un agréable et charmant moment.

Je prends la position "Nueve" dans un locutorio où je reste plus de deux heures. il fait désormais nuit je rentre et retrouve Harald qui me propose de l'accompagner à une milonga.
Je refuse tout d'abord et en définitive accepte. direction la milonga "Yira Yira" à moins de dix minutes d'ici à pied, calle Venezuela 2939.

Il n'y a que des argentins, la salle est là aussi carrelée, pas de parquet, toute en longueur et des tables à droite , à gauche qui réduisent encore l'espace pour danser. Nous sommes reçus à l'arrivée par les organisateurs Adriana Elias et Daniel Blanco. Ils embrassent Harald et moi de même. Ne pouvant pas danser(Pb de dos) je passe la soirée à regarder. Assez vite je focalise sur Adriana qui à une grâce fantastique. Je suis sous le charme. Elle est de plus trés belle.

Elle invite Harald et lui demande en espagnol si je danse le tango. Il répond que je me suis fait mal au dos. Elle invite d'autres danseurs et même avec les piètres danseurs reste concentrée. Quand débute la chacarera je n'ai d'yeux que pour elle, elle relève sa robe , vrille avec grâce en direction de son partenaire puis avec légèreté, fluidité s'en sépare pour au mouvement suivant en tournant changer de côté pour prendre sa place. Cloué sur ma chaise ma pensée danse avec elle. Réfreinant l'envie de l'inviter je la regarde danser avec les multiples partenaires durant toute la soirée.

Il est 1heure du matin, la salle se vide, je m'habille et va vers Harald pour lui dire que j'y vais. Il me dit de l'attendre et nous rentrons ensemble après un "Besós" â Adriana.