B.A, le mardi 01 mai - 15ème jour

Ce matin Harald et moi nous prenons le "subte" pour aller chez Ricarda.

A la station de métro "ministro Carranza" nous rencontrons Danièle, française de nationalité qui remplace Adriana, partie chez des amis à la campagne, pour le cours de tango que je viens suivre. D'habitude elle est l'assistante d'Adriana. Ricarda dit d'elle qu'elle est très bonne professeur. Elle est souriante, alerte et belle.

Nous arrivons devant la maison de Ricarda qui sort juste de sa voiture avec Lolita dont j'ai promis de dire quelques mots. C'est un beau petit Pinscher. Il a les traits exacts des Dobermans mais en miniature et la chance d'être aimé par sa jolie maitresse! je lui dis cela tout en le caressant devant Ricarda. Intelligent comme il semble l'être je pense qu'il me comprend!

Le hall d'entrée est de toute beauté. C'est une pièce immense avec des espaces auxquels on accède par quelques marches, comme la cuisine au fond et le salon à droite. Une part importante est réservée à la danse dont le sol à cet endroit est plus glissant. Situé à l'aplomb d'une verrière dix mètres plus haut où l'on aperçoit les balcons en fer forgé de deux chambres. Aidé par un architecte elle a crée un lieu à son image plein de charme et chaleureux. Elle me montre les chambres, la suite , les jardins-terrasses. Ces dernières comme au rez-de-chaussée sont à des niveaux différents. Chacune possède des transats, une table, des chaises, des arbustes et des plantes en pot. Tout cela parfaitement bien agencé. La Suite donne sur un jardin privatif, en son centre un petit plan d'eau où bouches ouvertes les poissons sortent la tête de l'eau en quête de nourriture devant le regard impassible et serein d'une statue bouddhiste. Après ce havre de paix se situe la salle de bain dont la baignoire est encastrée dans un cadre en bois du plus bel effet. Baignée de soleil elle doit être plus plaisante encore. Il faisait doux sans doute trop et d'un coup des trombes d'eau ont modifiée l'atmosphère la rendant fraîche et humide.

Loin de m'incommoder le temps est vite oublié dans tous les sens du terme dans les bras de Danièle avec qui j'ai la chance de prendre le cours en particulier. Je ne sais exprimer le plaisir que j'éprouve à suivre ses indications, les mettant de suite en pratique, sentant son corps à l'écoute, exprimant quand c'est ok, là non, là oui..
Elle me reconfigure si je puis dire, me dis que je comprends vite. "Oui, super! tu as compris!" Quoique concentré je ne cache pas mon plaisir et le lui dis. Il se crée entre nous une belle connivence facilitant le travail, le sien en tant que professeur et le mien en tant qu'élève.
Elle est douce, légère, son corps collé au mien me procure une volupté discrète et que peut-être ressent-elle aussi.
Le cours au départ devait être collectif avec certes un groupe restreint. Quand celui-ci se termine "ce n'est pas le nombre qui fait la qualité" dit-elle pour exprimer le plaisir que lui à donné son rôle de professeur avec moi.
"J'aime Buenos Aires car ici le rythme est différent et moi qui suis plutôt speed je suis ici plus calme, plus tranquille" dit -elle encore.
Son enseignement est différent de celui de Maria-José moins classique plus contemporain. il n'est selon elle pas question de mettre les épaules en arrière jusqu'à ce que les omoplates se touchent, il n'est pas question non plus d'avancer la jambe avant le reste du corps.
Me voilà schizophrène. Ca ne va pas être facile de concilier ces deux visions et travailler une technique sans l'opposer à l'autre.
Quand Ricarda en parlant français mélange les mots avec l'espagnol et me dit de lui envoyer des français pour ne pas perdre la langue, Danièle lui répond "des français sympathiques comme Christian". Je suis aux anges!

Danièle récupère ses disques , nous embrasse et nous quitte. Ricarda me propose un thé. Harald pendant ce temps répare le micro-ondes et la machine-à-laver la vaisselle. Après avoir lu quelques mails je reprends le "subte" vers la casa seul cette fois.

Je m'allonge quelques instants pour récupérer de la nuit précédente et je m'endors. Maria-José frappe à la porte c'est l'heure du cours. Je sens que ça ne va pas être facile, je suis groggy, j'aurais bien remis le cours à plus tard mais c'est impossible.

En effet c'est pas top! je suis tendu, rate un peu prés tout ce qu'elle me demande de faire malgré ses encouragements. Elle me dit " tu as compris tu dois l'intégrer maintenant en t'entrainant". Tout m'est pénible et j'attends la fin. Ca a duré 1h30. J'ai mal au dos, je sens venir la douleur de mon vieux lumbago prés de l'omoplate gauche. Fatigué, je me couche et très vite m'endors.