B.A, le lundi 30/04 -14eme jour

Ce matin je prends un cours sur place avec Maria-José.
Tout d'abord comme demain c'est férié(1er mai) je fais quelques courses, jus d'oranges pressées, noix, yaourts avec céréales conditionnées au dessus dans un pot transparent, des bananes et des raviolis faits maison..
Maria-José me fait travailler les bases, corrige mes défauts de posture, me dit que mon bras droit est ok mais que le gauche is "dead", redresse mes épaules , ma tête, danse avec moi avec les bras et sans, m'explique que ce n'est pas mon corps que je dois mouvoir mais celui de ma partenaire, me propose de faire n'importe quel mouvement, d'inventer, d'essayer..
Tout cela ponctué de "It's better!" j'y prends plaisir. Son corps m'aide. Il me donne, en le voyant bouger, en sentant son mouvement, l'envie d'aller là puis là et après là encore..
J'ai l'impression là, de danser à deux en interaction, c'est top! Concernant le bras "mort", elle rend le sien mort, sans force et je peux ainsi me rendre compte de l'impression que ça donne. Il n'y a plus de présence et ça change tout!!
On revoit les trois temps, l'intention, l'avancée de la jambe, la poussée sur le sol pour avancer(ou reculer) le corps associée à la respiration.
L'intention, je décide d'aller par exemple sur le côté mon corps dissocié de ma jambe ne bouge pas, ma jambe se déplace seule 1º mouvement, 2º mouvement l'autre jambe pousse le sol mais reste à la même place, se tend seulement. Le poids du corps est transféré, détente de la jambe, détente de tout le corps puis à nouveau l'intention.

J'écris cela sur la terrasse ensoleillée qui en fait est le toit de la maison. Bain de soleil très agréable, un petit vent adoucit la sensation de chaud et je sens ma peau reconnaissante! ;-)

Cet aprés-midi je ne bouge pas de la casa, prépare mon départ pour Iguaçu et m'entraine seul dans la salle tango avec et sans musique, grignote, recommence. Harald me propose de l'accompagner au Canning ce soir.
Demain j'ai un cours avec Adriana conseillé par Harald vers 13h et un autre prévu avec Maria-José vers 19h00.

Au canning une foule incroyable! La salle carrée, la piste de danse au milieu, les tables tout autour, le bar sur la gauche en entrant, des peintures au mur d'une laideur surprenante. Par contre un collage-photos couvrant toute la longueur et la hauteur du mur du fond donne au lieu un peu de chaleur, si je peux dire car veille du 1er mai les danseurs sont de sortie et l'ambiance ressemble plus à un quatorze juillet qu'à un Lundi traditionnellement plus calme.

A peine arrivé je rencontre Marie-Andrée, la québécoise vivant à Montréal avec qui j'avais discuté au DNI quelques jours auparavant. Toujours aussi rigolotte dans son langage, son franc-parler, elle me dit avec l'accent québécois "c'est chaud, très chaud avec mon ténébreux danseur qui danse comme un dieu". "Je parle de...danse" dit-elle avec un sourire malicieux. Entre temps une argentine vient me dire bonjour. Harald surpris que je connaisse déjà du monde se marre. Je mets encore un peu de temps avant de me décider à inviter mais j'ai en tête la phrase que Sophie m'a écrite "Fais ce dont tu as peur tu n'en auras plus peur" et je me lance.

Un peu plus tard je demande à Marie-Andrée de choisir pour moi une danseuse. Elle regarde tout autour d'elle et me propose une jeune fille aux cheveux longs bruns que j'invite en fin de tenda et après un tango c'est la cortina! Mince c'était bien. je lui dis que je la réinvite plus tard, elle est ok. Mon voisin de chambre Bjarne m'a prêté ses chaussures de tango la piste du Canning en parquet ciré ressemble sous mes pieds à une patinoire et je me sens maladroit.

J'invite Ricarda qui possède la casa tango "Luna Llena" à Palermo et sans le savoir je danse du traspié, me dit-elle. Elle me complimente et me dit que je suis doué. Je suis touché du compliment et le lui dis. Quand elle ne parle pas avec ses amis en allemand elle s'approche de moi et en français me raconte ce dont ils ont parlé. C'est une belle femme, classe, enjouée et très sociable.
J'invite une japonaise, la cata, au bout de deux tangos j'ai envie de la raccompagner! Elle semble en dansant complètement ailleurs, distante, glaciale, le visage impassible, son corps tout entier semble exprimer l'ennui. Peut-être que je me trompe et que je n'ai pas le code ,est-ce seulement une attitude typiquement japonaise?
Un peu plus tard une femme ronde et belle accepte mon invitation mais dans ce contact très étroit style milanguero je suis embarrassé, mon corps tout entier me semble gauche, ma danse complètement introvertie. Nous parlons un moment en français elle m'apprend qu'elle travaille avec la France et qu'elle vient juste de rentrer. Le nombre de personnes que je rencontre qui parlent plus de trois langues est impressionnant!

Il est 6h30 du matin. Barbara, Harald et moi prenons le taxi aprés que Barbara se soit ravitaillée dans un "kiosco", petite boutique entre le kiosque et l'épicerie, fermée la nuit tombée par une grille où seul un trou rectangulaire est ouvert. Ce fût une agréable soirée! " Quiero ir a dormir! Si!"