B.A, le samedi 28/04 -12eme jour

Ce matin, elle ne semble pas très contente de la démo pensant que le temps de préparation trop court n'a pas permis une prestation de qualité et ne convient pas à son exigence et sa rigueur. Elle dit de moi que je suis son "her manino" et joint à cela une petite tape amicale sur l'épaule.

Nous sommes dans la cuisine. Maria-josé, Harald et Ricarda prennent leurs déjeuners pendant que je suis au petit déjeuner. Ricarda est allemande, parle français couramment et tout comme Harald possède elle aussi une Casa Tango dans le quartier de Palermo. Elle me montre sur internet une page où l' on y voit des photos de sa guest house qui semble aussi très belle en plus luxueux. Elle me propose de lui rendre visite, de boire un café pour me faire une meilleur idée sur place. Elle habite traditionnellement dans la suite lorsque celle-ci n'est pas occupée.

Ricarda, Maria-José et moi regardons trois vidéos de Majo et de son partenaire. Pendant le visionnage, elle discutent ensemble en espagnol et malgré ma méconnaissance de la langue je peux les comprendre et partager ces agréables moments. Harald qui sort de chez le dentiste est moins loquace, gêné par la douleur. Même agacé il reste sympathique et attachant. "Tranquilo" lui disent plusieurs fois Maria-José et Ricarda.

Marie-José me propose de danser avec moi dans la pièce réservée au tango pour me dire les points à corriger "comme si j'étais un docteur" dit-elle, "comme si je t'auscultais".

Après un maté partagé, où après avoir mis de l'eau, chauffée à environ 70º-80º, le premier boit l'intégralité et avec le thermos le remplit pour le second qui fait de même jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'eau, et ainsi de suite, nous dansons, corrections sur corrections, le temps passe, mes bras et mon dos deviennent douloureux. J'ai l'impression d'être un manche à balai, un fier aristocrate tête droite, dos droit, épaules complètement ouvertes au point que les omoplates se touchent.

"N'as-tu pas d'autres chaussures?" me dit-elle. "Il te faut des chaussures de tango pour le confort, pour sentir le sol, pour que le pied soit maintenu".
" It's better" m'encourage-t-elle maintes fois. "Il faut que tu t'entraines alone, que ça devienne une posture naturelle". "Un dernier tango à deux et j'y vais". Une tape sur la paume de la main pour me dire au revoir et elle s'en va.

Alors seul j'essaye de penser à tout ce qu'elle m'a dit et m'entraine basket aux pieds sur le plancher en silence puis en musique. Je fais mes gammes.

Après deux heures passées au locutorio je me dirige vers le Club Independencia comme promis à Adriana la semaine dernière. En montant l'escalier vers 23h pas de bruit de discussions, de rires et à l'accueil l'homme semble gêner de me faire payer. En effet il n'y a pas plus de six personnes hormis Adriana, ma "grand-mère" à qui je dis bonjour. J'invite à danser une amie d'Adriana qui s'appelle Catalina, qui me dit n'avoir pas dansé depuis plus d'un an. Elle est accompagnée d'une petite fille de deux ans qui veut sa maman. Je la lui rends!! et invite Adriana. Un peu plus tard je discute avec un argentin dans un anglais plus qu'approximatif.

Arrive une jeune fille surprise manifestement de cette ambiance et de voir si peu de monde. Je lui demande si elle parle anglais, un peu...car elle est australienne!! Je lui propose d'aller ensemble ailleurs et nous prenons un taxi pour la Confiteria Ideal. Nous rentrons sans payer car l'heure est tardive. Il y a environ une quinzaine de couples. Rapidement la piste se vide et nous nous retrouvons comme dans le film "la leçon de tango" à danser seuls dans cette immense salle. C'est pour moi et pour Kristie un grand moment. Les lumières s'éteignent, la musique s'arrête et à regret nous partons.

Je la raccompagne jusqu'à la calle Chile à San Telmo et remonte la calle Indepencia après lui avoir souhaité bonne nuit et lui avoir fait la bise. Quant à se revoir nous n'en avons pas parlé! Je suis vraiment fatigué. Vivement mon lit...