B.A, le vendredi 20/04- 4ème jour

Je me lève tôt, il est à peine 8h00, douche et petit déjeuner dans un café-boulangerie-resto, un capharnaüm bien sympathique. Les clients entrent, prennent une pince et un panier, choisissent leurs viennoiseries, payent au comptoir ou vont comme moi s'asseoir à une table. Ce ne sont que de petites choses mais un sentiment de tranquillité émane de tout cela et me plait beaucoup. Il y a cinq comptoirs quatre en enfilade et un perpendiculaire qui coupe la salle, des tableaux de mer, des paysages, des natures mortes accrochés de manière incongrue, un grand frigidaire sur la droite et une quinzaine de petites tables avec des nappes de couleurs différentes et toujours présent le bruit de la rue. Il pleut des trombes mais comme nos orages du sud j'espère que ça ne va pas durer.


Je téléphone un peu avant midi à Aude que je réveille et qui me rancarde pour 12h30. Je lui donne enfin sa commande de vin, de fromage et de kinder. Elle manifeste son contentement en m'embrassant avec enthousiasme et avec un plaisir évident mange un kinder qu'elle savoure...Elle me demande si je veux manger ou boire un verre. Elle est à l'heure du brunch et moi du déjeuner alors nous décidons d'aller manger un peu plus tard au "Desnivel " où l'on trouve les meilleurs viandes de San Telmo. Mais tout d'abord elle prend un café et moi un verre de vin entre un cabernet sauvignon et un malbec je choisis le second.
La façade du "Desnivel" ne paye vraiment pas de mine mais le restaurant est plein à craquer. Les tables sont collées, proches des autres, il y une ambiance de cantine-brasserie très agréable. Nous prenons du "bife de Lomo", filet de bœuf tendre à souhait, accompagné du' une salade de tomates et de deux ramequins l'un dont le contenu de couleur sombre ressemble à de la tapenade du "Chimichuri" (piments, huile, origan, herbes de Provence) et l'autre, un mélange de couleur à dominante rouge "la salsa criolla" (tomates, oignons, poivrons). Aude me dit que c'est toujours proposé avec cet accompagnement. L'eau gazeuse, nommé "soda" est dans un contenant style thermos, large bouteille transparente avec un siphon vert, entourée du' une gaine plastique bleue. Une petite habitude est nécessaire pour s'en servir.
Manifestement Aude n'a pas encore pris le coup!! la moitié de la bouteille est sur la nappe!!



Nous rentrons dans un magasin de déco, elle doit voir un ami pour un logement qui se libère mais l'affaire ne se fait pas. Elle m'explique que la colocation lui pèse. Nous allons cette fois dans une boutique de fringues dans une belle maison avec quatre pièces en enfilade, une cuisine tout au fond, un minuscule jardin lui aussi tout en profondeur longeant les pièces et de nombreux vitraux. Aude semble chez elle partout où elle se trouve et me fait la visite, m'explique que c'est un modèle typique des maisons argentines. Elle s'achète une chemise noire brodée dans la même couleur, ma foi, beau choix elle est superbe. Apparemment une petite folie qu'elle s'offre. "Il est difficile de trouver de belles chemises pour femmes" me dit-elle.
Nous nous quittons au bas de son appartement, elle va se préparer pour aller travailler.

Je décide d'aller au café Tortoni, Avenida de Mayo 829, métro "Piedras, ligne A. Le décor Belle-époque m'impressionne! Quel beau lieu! Sa notoriété est évidente, une table se libère et est immédiatement à nouveau occupée. Les tables sont en bois et dessus marbre, les chaises-fauteuils sont en cuir marron ou rouge foncé avec des accoudoirs moulurés. Au plafond un large vitrail(école de Nancy ?), des lustres à abat-jour cinq à chaque et une ronde opaline en dessous qui donne un bel éclairage. Une dizaine de colonnes monumentales marrons rendent le lieu encore plus majestueux. Le sol est en carrelage jaune moucheté de blanc usé le long du passage le plus fréquenté. C'est vivant, bruyant et tout à fait agréable. Les serveurs sont en livrée noire, tablier noir ceinturé à la taille, chemise blanche et nœud-papillon. Les boiseries sont omniprésentes alors qu'on ne les trouve en fait qu'en soubassement ceci dit elles mesurent deux mètres de haut! Les plafonds cinq mètres environ! Un lieu envoutant, oh combien plaisant!

Ce soir je vais à la villa Malcom. J'y vais à pied. Le lieu est situé Avenida Cordoba au 5064, pas encore habitué à cette ville j'ai sous-estimé les distances et ai parcouru à pied les cinq kilomètres de cette avenue. J'ai essayé de raccourcir la distance en prenant un bus mais la barrière de la langue, l'impossibilité d'expliquer que je veux juste aller un peu plus loin, je poursuis ma route à nouveau à pied. J'arrive néanmoins à l'heure pour le cours qui à B.A se donne très souvent avant un bal ou une pratique, sans inscription, juste un prix cours+bal. La qualité du professeur est évidente, il a un nom surprenant pour un argentin, Gabriel Glogovski. En comptant rapidement j'estime à 40 le nombre de personnes qui assistent au cours. Je ne peux pas dire que je prends un cours mais plutôt que je le suis, le regarde car je n'ai pas de partenaire.. C'est intéressant néanmoins. La moyenne d'âge est de 30 ans, le style du lieu est très éloigné du Dandi. On peut y entendre du tango alternatif, du tango électro même pour travailler lors du cours. Serais-ce le temple du tango Nuevo ? je ne sais pas mais l'image d'un tango non conformiste(?), plus rénovateur(?) terme un peu politique mais demain ce sont les élections pour les français en Argentine, une journée avant..
Il est d'ailleurs prévu que j'aille avec Aude à l'Alliance Française où elle va voter.
















La practica est à son comble, les gens se connaissent, viennent entre amis ou en couples et dansent entre eux! J'invite une grande femme, brune, aux belles épaules mais après deux petits tangos elle me dit "gracias" premier râteau!?!

A une table je discute avec une Porteños qui enseigne le tango et qui revendique un goût pour le traditionnel et nous échangeons nos points de vues respectifs. Elle me demande où je loge, me propose d'habiter à l'endroit où elle-même habite et me donne ses coordonnées. Rendez-vous pris pour Dimanche.
Je discute un peu plus tard avec une française qui après avoir vécu plus d'un an en Patagonie dans une famille d'argentins revient voir ses amis ici. Elle m'exprime son fort attachement à ces personnes et à ce pays. Quoiqu'il en soit sa vie est désormais à Quimper dans la conservation du patrimoine. Elle a la nostalgie de ce pays et son petit copain de Quimper ne semble pas compenser cela!
Après, plus de danse, plus personne à qui parler, pas de réponse sur le portable d'Aude..
Je rentre en taxi.......dodo.