Porto Iguaçu, le lundi 7 mai – 21ème jour

Le bus « El pratico » après un court trajet arrive à l'accueil de « las cataratas ». Je prends mon billet dont le prix est différent pour les touristes ! 30$ (pesos) au lieu de 18$(pesos) pour les argentins.

Je prends plans et renseignements dans le bâtiment d'accueil des visiteurs. J'ai décidé de prendre le sentier de 6km le « sendero Macuco » qui s'enfonce dans la jungle où une charmante jeune fille après discussion en anglais me dit quelques mots en français. Elle me présente le document qui donne les précautions d'usage notamment en cas de rencontre avec un puma !! Garder son calme, ne pas s'enfuir et paraître le plus grand possible en agitant un tissu, un vêtement !!
Le document dit aussi de ne pas y aller seul de ne pas s'écarter du sentier et de faire attention aux « serpientes y arañas ».

J'achète une bouteille d'eau et prend le « sendero Macuco » sous une pluie torrentielle pas vraiment prévu au programme qui rend le chemin boueux. Sur le chemin je trouve un bâton que j'imagine autant un bâton de pèlerin qu'arme en cas d'agression de « monos »(singe), de pumas, de « yaguarete »(jaguar). Tous mes sens sont en alerte !
Si il m'arrive quoique soit, une morsure de serpents, un animal qui m'attaque, je suis seul, sans possibilité de demander secours.
Tout bruit, tout mouvement me fait sursauter, toute racine sortant du sol, j'y vois un serpent !
Tout espace dans un rocher la tanière d'un puma ou d'un jaguar !
Trempé jusqu'aux os, de la tête aux pieds avec la ferme décision d'aller jusqu'au bout malgré la peur omniprésente.
J'arrive enfin à la cascade « Arrechea » après une descente de 400m via un sentier rocailleux et glissant.

Au retour plus à l'aise, dans un sentier désormais connu, mes pensées affluent et concernent la nécessité d'expérimenter, de tenter et l'importance de le faire seul. Je pense aux aventuriers comme Gérard D'Aboville qui m'a à l'époque impressionné fortement et comprends leurs défis solitaires. Le danger et le sentiment de risque, le besoin de se confronter à ce qui fait peur, la solitude qu'on apprivoise et que l'on finit par aimer, la notion qu'à chaque instant tout est possible (n'est-ce pas Sophie ?!!).
"Il a suffit qu'un homme ordinaire, doté d'un physique normal, équipé de moyens simples, s'attaque aux limites de sa résistance, tente de les faire reculer, pour que des milliers de personnes retrouvent espoir et énergie. J'avais réussi, pourquoi pas eux." Gérard D'Aboville

Rétrospectivement ce moment restera le plus fort, le plus intime malgré la vertigineuse beauté, la force impressionnante des « cataratas » que de pontons en pontons je vais admirer avec des yeux d'enfant .
Les «cataratas » sont en effet une merveille de la nature, étonnantes, époustouflantes, un spectacle grandiose !! J'en ressors admiratif et trempé jusqu'aux os. Equipé d'une tenue que nombreux ont achetée j'ai l'impression d'être membre du « Ku Klux Klan » tout en blanc avec une capuche en pointe. Je croise sur les multiples pontons mes alter égos encapuchonnés qui à chaque rencontre me font sourire intérieurement.
Malgré le froid et la fatigue je fais le parcours du « paseo Superior », du « paseo Inferior » donnant des points de vue différents, traverse l'Iguaçu sur un ponton jusqu'à la « Gorganta del diablo » qui rejette une pluie poussée par le vent puissant à cet endroit avec une force incroyable qui me glace et où il est impossible de rester proche longtemps.















A certains endroits, je suis si prés des chutes que j'en ressors mouillé comme après une douche mais froide. Le bruit, le grondement des eaux est assourdissant.
Sous un soleil de plomb la douche doit être un plaisir, là elle est une agression qu'il faut braver ! Après la douche du ciel et celle des « cataratas », transi de froid, les pieds dans des chaussures ayant pris l'eau toute la journée, toujours habillé de la tenue de la secte Iguaçu, je prends le bus et rêve d'une autre douche chaude celle-ci !!
Il pleut toujours, il a plut toute la journée et il pleuvra toute la nuit....