B.A, le vendredi 4 mai – 18ème jour

Ca y est, ayant un peu moins mal au dos, la décision d'aller à Iguaçu est prise. M'étant levé tard, la journée est déjà bien avancée et j'ai faim.

Je viens d'arriver à la confiteria Violettas. La hauteur des plafonds comme au Café Tortoni et à la Confiteria Ideal est impressionnante. A l'entrée tout comme au fond de la salle des vitraux grandioses et d'une dimension étonnante. Les deux entrées sont en forme de demi-cage d'oiseau avec à leurs sommets des vitraux très colorés du plus bel effet. Au fond de la salle juste derrière moi les vitraux couvrent tout un pan de mur et un retour au plafond. Ils représentent un jardin à la française avec des statues et des personnages féminins en robes longues du XIXème siècle.

Les serveurs parlent fort entre eux, rigolent tout en continuant leurs tâches. Moins connu, plus excentré que le café Tortoni par exemple de nombreuses tables sont libres. De grandes tables se font et se défont. Des arrivées et départs se succèdent pendant que je lis et écris. J'adore pouvoir manger à toute heure et sentir que le temps est élastique. Ici c'est « tranquilo ».

Je suis dans un coin du L que forme l'espace. De grandes baies vitrées longent l'Avenida Rivadia, la plus longue avenue de Buenos Aires et donnent une belle clarté accentuée par la couleur crème des murs et des plafonds. A de nombreux endroits au niveau des plafonds en stucs, en haut des colonnes on retrouve des dorures discrètes et agréablement ternes. Un peu partout des glaces qui dédoublent l'espace. Le style 1900, belle époque est omniprésent, une lampe style Gallé trône fière sur le bar. Au plafond les lampes sont constituées d'une demi-lune immense et de quatre satellites ronds.
Malgré le haut de gamme évident du lieu, des hommes en livrée pantalons noirs, chemises et vestes blanches, je me sens à l'aise.










Un homme me regarde et demande au serveur, après que celui-ci ait pris ma commande, de quelle nationalité je suis. J'apprends plus tard qu'il m'a pris pour un italien. L'homme se lève, s'approche de moi, me demande si je suis professeur.

Nous discutons en anglais de politique. Je comprends qu'il est fâché avec celle-ci car dans son pays le Chili il n'y rien à attendre de ce côté là. Politique rime avec corruption. Sa femme qui a étudiée au collège de France suit les élections en France et m'exprime sa préférence pour Sarkozy.

Pour ses idées ou parce que c'est un homme, je pense pour les deux. Au Chili le président est une femme et à l'évocation de cela ils font tous les deux la grimace.

Mes « Tricortis de Calabaza » sont totalement délicieux, sorte de raviolis à la citrouille, plats et de couleur verte, immense de la taille d'une empanada, la sauce « Salsa Scarparo » est orange et garnie de champignons. Un bel apport de l'immigration italienne, tout comme les glaces et les pizzas. « La cuenta, por favor ».

Je quitte la Confiteria Violettas et me dirige vers Retiro: gare Omnibus. J' achète après la visites à plusieurs guichets dont les prix sont quasiment identiques un billet aller et retour en bus « super cama » de la Cie via Bariloche « (185pesosx2).

De Buenos Aires à Porto Iguaçu 16 heures de voyage sont nécessaires alors je choisis le top: les fauteuils sont inclinables de la position verticale jusqu'à l'horizontale et aucun arrêt pendant la nuit permettra de dormir sans interruption.

Ce soir je retrouve Maria-José au « Dandi » où elle donne des cours de tango jusqu'à 21h30, heure où débute le spectacle au Maipo. »can you pick me up by taxi calle Piedras 922 » m'envoie-t-elle par sms.
Calle Piedras et calle Esmeralda étant proche nous arrivons à l'heure.
Nous entrons comme Alice au pays des merveilles dans un autre monde. Par un rideau damassé noir, reçu par un personnage Fellinien à l'accoutrement délirant, coiffure en trident, hauts talons, strasses et maquillage. Le second a un look de régisseur de cirque des années 1950 accompagné d'un gorille, le troisième en gladiateur avec un nez de cochon ! Le quatrième est une femme, robe rouge et chignon démesuré, décolleté latin, belle à croquer. Le spectacle fut un mélange de «Crazy Horse», de théâtre comique , de théâtre transformiste, de «café de la gare ». Un style particulier certes mais réalisé avec qualité. Je garderai en mémoire la très réussie Betty Boop plus vrai que le personnage du dessin animé lui-même.

Le spectacle terminé nous décidons d'aller à la Villa Malcom pour boire quelques « Quilmes » , avaler tartes et empanadas et danser... » .
Le leitmotiv de Buenos Aires pour les danseurs de tango : « tango-taxi-tard dans la nuit » remplace l'affreuse formule « boulot-métro-dodo ».
Buenas Noches !! ZZZZZZZZzzzzzz.